Aller au contenu principal

Les coulisses du Monde des Nutons

Le Monde des Nutons - Interview Bavar

Créer un recueil d’histoires de toutes pièces, quelle aventure ! En septembre dernier, les Guides ont sorti Le Monde des Nutons, le nouveau recueil d’histoires pour les Nutons. Fruit d’un long travail, il a mis en relation de nombreuses personnes. En premier lieu le groupe de travail (GT), réunissant des bénévoles, des parents et des pédagogues, a identifié les thématiques et valeurs à aborder dans les histoires. Un conteur et un illustrateur professionnels ont ensuite pris le relai. Pendant deux ans, les échanges ont été nombreux pour que les idées rêvées par le GT se concrétisent au mieux.

Nous avons rencontré Bavar, le passeur d’histoires, auteur des textes, et Mike Walravens, illustrateur du recueil, pour collecter leur témoignage sur la création du Monde des Nutons.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bavar : Je m'appelle Thomas Midrez, alias Bavar le passeur d'histoires. Je suis conteur, c'est-à-dire que je raconte des histoires un peu partout en Belgique, France, Suisse. Je me produis dans les festivals de théâtre de rue, dans les centres culturels, les fêtes médiévales, les bibliothèques... En fait, partout où on peut rassembler des gens et obtenir un minimum de calme (très minimum).

Quelles ont été tes inspirations ? Comment as-tu imaginé les traits caractéristiques des personnages ?

Bavar : Allez, je donne le secret : les personnages portent le nom de mes chats. Puck, Shylock, Scylla, Charybde et Zomina. Pour Mélu, c'est évidemment Mélusine. Rumpy vient de Rumplestiltskin, un nain célèbre dans le monde des contes et légendes, et Farou est le nom d'un vent froid de Savoie.
Pour ce qui est de la personnalité de nos Nutons, elle est apparue petit à petit, tandis que j'écrivais les histoires. À chaque nouveau récit, un trait ou l'autre apparaissait et venait compléter la palette de chaque personnage. 
Par contre, je n'ai pas du tout réfléchi à leur apparence, mais j'ai été ravi de voir les illustrations de Mike, qui correspondait parfaitement à ce que j'aurais pu imaginer !

Pour ce qui est de l'inspiration des histoires en général, je dois tirer mon chapeau à Lucie et Aurélie (permanentes du Carrick chargées de ce projet, NDLR) qui ont fait un travail de dingue en me proposant une série de thèmes. Il me restait juste à raconter une histoire qui fasse ressortir ce qu'elles proposaient tout en ajoutant des pincées de fantastique. Quant à ce fantastique, justement, il me vient des piles de livres de contes que j'ai chez moi, d'une bonne mémoire et du regard que je porte sur le monde qui nous entoure.

Mike : Le challenge à relever était important. J’avais déjà succédé à plusieurs illustratrices pour animer les histoires du Grand livre des Nutons, le conte Nuton précédent qui a duré de nombreuses années. Il fallait un peu dépoussiérer ce qui était proposé à l’époque. Pour ce qui est de la personnalité graphique des personnages, Bavar et Lucie avaient déjà établi une ligne directrice quant aux noms et aux caractères des personnages. Je les remercie de m’avoir fait confiance et d’avoir accueilli les personnages comme s’ils faisaient déjà partie de la famille des Guides, la première fois qu’ils les ont vus.

Comment as-tu concrétisé ces idées dans les histoires ?

Bavar : Je vais prendre l'exemple de « Scylla veut une jolie chambre ». J'ai toujours trouvé que le bois de Hal avait quelque chose de fantastique. Quand j'ai vu que je pouvais raconter une histoire sur un Nuton qui oubliait complètement son environnement, je me suis directement projeté dans ce bois. Il me restait à le rendre encore un peu plus magique – c'est le coup des jacinthes à couleur pulsée – et de faire en sorte que nos Nutons « pètent un peu des câbles » avant une prise de conscience un peu douloureuse.
En résumé, j'avais simplement besoin de construire la scène et le décor de la pièce qui allait s'y jouer, puis de raconter, comme un observateur extérieur, les différentes péripéties des personnages.

Mike : En lisant et en écoutant les histoires à plusieurs reprises, limite en boucle sur Spotify, afin de bien m’imprégner de l’atmosphère du monde proposé, j’ai croqué différentes possibilités, certaines retenues, d’autres non. Mais ce fut relativement rapide pour chaque personnage une fois que j’ai eu les histoires en tête. D’expérience, je savais que les personnages ne pouvaient pas être trop complexes à dessiner car les histoires publiées dans les revues semestrielles imposent un temps réduit de création. Je devais donc créer des personnages simples tout en proposant des personnalités distinctes les unes des autres. Les coiffures, couvre-chefs et différentes couleurs aident à cela. Une fois les personnages déterminés, il fallait leur donner des expressions, des attitudes, les faire bouger, ça c’est sympa à dessiner. J'ai été très impressionné par la qualité des 21 histoires et j'ai pensé les personnages pour qu'ils soient des vecteurs efficaces afin de diffuser la pédagogie Nuton qui est une branche très importante chez Les Guides.

Le travail d'illustration du Monde des Nutons s’est étendu sur un an et quatre mois avec quelque 350 dessins préparatoires jusqu'aux définitifs qui sont maintenant imprimés dans le Monde des Nutons.

As-tu rencontré des difficultés ?

Bavar : À mon grand bonheur, la plupart des histoires ont pratiquement coulé de source, je n'ai pas eu à forcer leur écriture. Pareil pour les corrections, j'ai beaucoup aimé ce moment, je me disais « Oh, bien vu, j'y avais pas pensé, ça va rendre l'histoire meilleure ! » 
Si je devais vraiment citer un moment délicat, c'est l'ajout de l'Astrolabe dans « Mélu adore apprendre ». Je ne suis d'ailleurs pas vraiment satisfait de ce passage, il me semble trop plat. Je suis en train d'en écrire un autre dans une prochaine histoire pour les Guides et je pense que le résultat sera meilleur.

Qu’as-tu préféré dans le processus de création ?  

Bavar : Me lever pas trop tôt le matin, me faire un bon thé, me mettre devant mon clavier et écrire sans aucune autre préoccupation. Je pense que c'était le meilleur mois de janvier de toute ma vie.

Mike : Une fois la mise en page de l’histoire terminée et les espaces des dessins déterminés, j’ai aimé voir le livre se remplir petit à petit. Puis, au fur et à mesure certains personnages ont évolué donc j’ai dû mettre à jour tous les dessins précédents. J’ai aimé voir les interactions entre les personnages. Le moment qui reste gravé dans ma mémoire fut le moment où tous les personnages étaient décidés et où je les ai fait se rencontrer sur une même page. Moment décisif où tu vois si la sauce prend ou pas ; si, visuellement, ils fonctionnent ensemble ; s’ils peuvent être potes ? Ça c’était cool !

Est-ce que tu as une histoire ou un personnage préféré ou qui t’a plus touché que les autres ?  

Bavar : Je me sens très proche de Chichi. Je partage ses doutes, mais aussi sa bonhommie et son envie de faire plaisir à celles et ceux qu'il aime. Chichi, c'est ce petit gars qui a des trésors dans les mains et dans la tête, mais qui doute un peu trop. On se ressemble un peu, je crois – encore que je suis assez nul avec mes mains. 
« Monsieur Crôa n'est plus » reste l'histoire que j'ai préféré écrire et qui m'a beaucoup touché, j'étais assez heureux de parler de la mort et du deuil de cette façon.
J'ai eu une surprise sur « Cœur de Nuton », en écrivant la fin, je me suis mis à pleurer et je ne sais toujours pas pourquoi !

Mike : Je crois qu’ils ont tous attachants, j’espère en tout cas ! Puck est très sympa à dessiner avec sa casquette qui accentue ses expressions en fonction de l’angle de la visière. Chichi, avec sa touffe de cheveux bleus, est facilement reconnaissable et très particulier à dessiner. Sa salopette rouge de Mickey lui donne une touche à lui !

As-tu une anecdote sur la création d’une histoire ou d’un élément d’une histoire du Monde des Nutons ?

Bavar : Un secret bien caché sur « La potée Nuton » : la recette se compose de 108 ingrédients, 127 épices ou condiments et 24 étapes de préparation.
En réalité, cela vient du tai-ji que je pratique avec mon papa, celui de l'école de la Voie Intérieure. Nous y pratiquons trois « formes », des séries de mouvements : les 24 postures, les 108 postures et les 127 postures. Mais personne ne captera jamais la référence, je crois.

Mike : Le personnage qui m’a donné le plus de fil à retordre fut Rumpy, le nain âme-inateur. C’est le seul personnage qui avait déjà un imaginaire présent en chacun de nous. Je l’ai recommencé plusieurs fois. Je ne voulais pas pencher dans la caricature des personnages proposés dans le Seigneur des Anneaux. Il avait besoin d’être sérieux mais sympa quand même. J’ai choisi un côté « nain de jardin » classique légèrement mixé avec le physique de l’acteur Peter Dinklage de la série Game of Thrones. Si vous faites une animation reprenant les personnages, engagez-le, il fera parfaitement l’affaire avec une grande barbe et un chapeau pointu ! [rires]

Peux-tu nous parler d’un « secret » ou les « coulisses » d’un dessin / de plusieurs dessins ?

Mike : La plus grande difficulté fut d’imaginer un univers graphique identique pour les 21 histoires faisant réaliser la toute petite taille des Nutons par rapport à leur environnement. J’ai opté pour le contraste entre la taille des Nutons et des éléments de la nature environnante, principalement les plantes, les fleurs ou certains éléments reconnaissables par tous. Par exemple, les LEGO comme tasses ou comme éléments décoratifs à la fin de l’histoire de harcèlement « Zomi embête le nouveau ». Les LEGO posent la taille, mais suggèrent aussi l’intimité de la chambre où on joue seul généralement.

As-tu une dernière chose à ajouter sur le sujet ?

Bavar : Écrire un livre d'histoires, c'est vraiment quelque chose d'incroyable. J'aimerais qu'un maximum de monde puisse le faire. En vrai, écrire des histoires c'est super cool, si vous avez une heure à perdre, écrivez une histoire.
Cela dit, voir ses histoires être mises en page et illustrées, c'est encore plus incroyable. À l'heure où j'écris ces mots, je n'ai pas encore reçu le livre « en vrai », mais je suis certain que je serai assez ému.
Aujourd'hui, je travaille sur l'écriture de nouvelles histoires pour les Guides. Leur écriture est tout aussi passionnante, je développe d'autres points, d'autres personnages et j'espère que vous les apprécierez !

Mike : En avril dernier s’est déroulé l’évènement national Nuton, la Ribouldinguerie, véritable Disneyland des Guides. J’y ai vu cinq des sept personnages en costume, parler, chanter, danser et être incarnés sur scène par des Animateurs. Ce fut une véritable joie de les voir vivants après les avoir créés sur papier ! J’ai probablement ressenti la même chose que Geppetto qui voit Pinocchio, créé à partir de bouts de bois, s’animer devant ses yeux.

Tu veux en savoir plus ? Rends-toi sur notre site Internet ou nos réseaux sociaux pour découvrir la création d’un personnage ou la manière de les interpréter.

Le Monde des Nutons est disponible au prix de 20€ (hors frais de port), sur commande à l’adresse publications@guides.be.